11 H 02 Le vent se lève de Sacha Bertrand | Paulsen

Premières phrases du livre :

Attisées par les rafales, les nuées se gonflent et s’étirent. Depuis la crête, Myriam regarde l’amer et ses volutes tournoyer au fond de l’abîme. Sous l’épais brouillard pourrit la carcasse étouffée de la ville invisible. Myriam est la seule à se souvenir de l’étrange pulsation de ce monde – ses artères, sa foule, son flux ininterrompu. Elle est la dernière.
Pourtant, elle n’était pas seule à s’inquiéter de la lèpre qui décimait la végétation des parcs, de la sève qui semblait s’être figée dans les arbres aux troncs sclérosés : des ormes centenaires effondrés du jour au lendemain, le bois gâté jusqu’à la moelle, sans que personne s’en émeuve.

Pourquoi ce titre :

J’adore les récits post-apocalyptiques ou dystopiques, surtout ceux où le personnage se retrouve seul à devoir survivre dans la nature. Celui-ci m’a rappelé un titre que j’ai beaucoup aimé (avec le recul) : Le Mur invisible de Marlen Haushofer.
J’étais donc très curieuse de lire 11 H 02, Le vent se lève de Sacha Bertrand, d’autant plus qu’il est édité chez Paulsen, une maison d’édition que j’adore !

Résumé :

Une cabane nichée entre d’immenses parois de granit, deux masques à gaz, une horloge figée sur 11 h 02. À intervalles réguliers, une brume toxique s’élève de l’abîme où gisent les vestiges de la civilisation, une brume qui dévaste tout sur son passage. Du monde d’avant, il ne reste que Myriam qui lutte seule pour sa survie depuis sept ans.
Et puis elle le trouve, lui, le petit être de la tanière, un enfant sauvage. Elle l’appellera Jonas, fera de lui son rempart contre la solitude. De la vie, du langage, des livres, elle lui apprendra tout. Elle sera tout pour lui. Mais à une condition : il ne doit appartenir qu’à elle.

Mon avis

Dans 11 H 02, Le vent se lève de Sacha Bertrand, nous allons suivre Myriam, qui vit seule en haut d’une montagne où elle a trouvé refuge avant que le monde ne disparaisse, balayé régulièrement par L’amer, un nuage toxique apporté par les tempêtes. Elle y avait construit une cabane avec son compagnon, en prévision de cette fin du monde.
Les jours et les années de solitude passent, rythmés par l’élevage de ses chèvres, l’entretien du potager et quelques sessions de chasse. Le temps est long, et la solitude pèse.
Un jour, elle découvre, caché dans une tanière, un petit garçon sauvage.
Jonas — c’est le nom qu’elle lui donne — va apprendre « les bonnes manières », la lecture, la chasse.
Sauf que Jonas devient l’obsession de Myriam, qui le surprotège, alors que lui ne rêve que de liberté.
11 H 02, Le vent se lève, de Sacha Bertrand, est un livre que j’ai adoré. L’écriture de l’auteur est magnifique, et les chapitres alternent entre Myriam et Jonas, offrant deux points de vue et deux dynamiques très différentes. Les chapitres sont très courts, ce qui fait que l’histoire défile toute seule. Pourtant, le temps semble interminable là-haut, sur cette montagne, et l’horloge figée sur 11 h 02 — l’heure de la catastrophe — n’aide pas.
Les deux personnages sont très attachants, mais j’ai surtout été prise d’affection pour le jeune Jonas, qui découvre le monde avec pour seuls amis les personnages de ses livres préférés.
Je ne peux que vous recommander ce magnifique huis clos, premier roman de Sacha Bertrand, que je vais suivre attentivement.